[Noël 2019] This is the end, My only friend, the end

Il en était terminé du programme, tout le monde l'avait compris, y compris les personnes les plus têtues, même moi j'avais compris que je ne pouvais pas me battre contre les décisions prisent par Macron, il ne voulait plus se mouiller, il ne voulait pas dépenser de l'argent là dedans, et pire encore, il ne voulait pas assumer les risques que la porte apportait. C'était tellement plus facile de la vendre, c'était tellement facile de détourner les yeux même avec des évidences devant votre nez. Cet homme qui ne ployait pas devant le peuple ne respectait pas plus l'avis de personne plus compétente que lui dans certains domaines, et pourtant je savais que les membres du SGC étaient plus compétents que lui dans ce domaine. Ils savaient le danger que représentait ces êtres qu'il ne connaissait même pas. Ca me mettait dans une colère folle, mais je ne pouvais que fermer ma gueule, et continuer à bosser avec la porte, du moins en théorie. Le plus intéressant aurait sans doute été de vendre la porte aux Robert, mais ce n'était pas envisageable, après tout ils avaient peur qu'ils soient des traitres, et préférait faire plaisir à la carotte et aux ricains en leur refilant la patate chaude.

J'étais l'une des premières arrivées à la base. Tout le monde avait déjà du rendre ses appartements, il n'y avait plus grand chose qui prouvait que la base avait été un jour active. La porte était prête à être transportée. Toujours debout mais plus alimentée depuis quelques jours. Toutes les équipes étaient rentrées, tout nos alliés prévenus, la France se retirait des affaires extraterrestres. Je machonnais ma langue en observant l'anneau, je savais que d'ici peu de temps la salle serait remplit, tout ceux qui avaient travaillés à la base avait reçus une invitation, y comprit Neville Robert, même si pour être honnête je savais qu'il ne viendrait pas, il aurait fallut être stupide, je savais que je ne verrais pas non plus mon ex mari, et ça me brisait le coeur. J'aurais aimé qu'il soit là, j'aurais aimé qu'il me prenne dans ses bras, qu'il me rassure, mais je devrais une fois de plus de débrouiller seule... Avec un peu de chance Mathieu serait présent, mais j'avais des doutes, il commençait à se faire à cette nouvelle vie, il l'appréciait alors que je déperris dans cette situation. Coincée dans mon uniforme de cérémonie, je sentais mon coeur se serrer, lorsqu'une main se posa sur mon épaule, me faisant sursauter. Je croisais le regard du général De La Couperay et mes yeux se remplirent de larmes. Clignants des yeux à plusieurs reprises je tentais de les chasser, je n'allais tout de même pas me mettre à pleurer aujourd'hui. Le vieil homme repartit pour terminer l'organisation, il savait se que je ressentais, il savait la douleur de voir le programme se terminer alors que nous nous étions battus comme des hyènes pour le faire survivre, pour prouver l'intérêt de ce projet, malheureusement les deux dernières missions n'avaient pas convaincus, et c'était facile de comprendre pourquoi. Nous n'avions pas été à la hauteur, je m'en voulais terriblement, et je savais que je n'avais pas été à la hauteur parce que je n'avais pas été concentrée, je savais que j'étais trop perturbée par ce qu'il s'était passé avec Jeff, peut être que si il m'avait fais confiance, peut être que si il m'avait expliqué les choses au lieu de tenter de me protéger tout le temps, alors peut être les choses auraient été différentes mais le soucis était qu'avec des si on pouvait refaire le monde, nous ne saurions jamais si les choses seraient différentes.

J'avais cette impression que le temps c'était arrêté que plus rien n'existait sauf moi et cette foutue porte. Je poussais un nouveau soupire lorsqu'un bruit de vaisselles me sortit de ma torpeur. Les buffets avaient été installés, des bouteilles de champagnes trônaient ici et là, comme si nous étions à la fête... Sincèrement... Je n'avais pas le coeur à faire la fête, j'avais le coeur gros, et cette envie de vomir qui ne me quittait pas. Les gens commençaient à arriver, j'observais ces visages à la fois familier et inconnu, cherchant dans la foule des visages rassurants, ceux qui me faisaient croire que tout irait bien. Quel Noël de merde...

Depuis que Laurent savait que le projet de la porte des étoiles était enterré, cela le révoltait intérieurement, seule sa famille arrivait à l’apaiser et à lui éviter de tout déballer avec l’assurance que l’armée l’enfermerait à vie si ce n’était pas plus radical. Les rumeurs insistantes disaient que l’anneau qu’il avait si souvent emprunté allait finir chez le mentor du président français, fallait vraiment être débile pour mettre une telle bombe à retardement entre les mains d’un demeuré et c’est ce qui semblait devoir arriver…

Une mélange de tristesse et de colère laissait un goût amère dans la bouche du Major qui remettait les pieds dans cette base qui avait bien changée depuis la dernière fois, en tenue militaire d’apparat, il se remémorait des moments marquants et plus il avançait, et plus il regrettait de ne pouvoir rien faire contre cette aberration, certes le programme coûtait un bras mais avec toutes les découvertes et les technologies, il était impossible de ne pas le rentabiliser afin qu’il ne tombe pas entre de mauvaises mains.

Maintenant qu’il était mari et père, ça le titillait encore plus de ne plus être en première ligne face à la vraie menace pesant sur les siens, le poussant à songer aux pires scénarios comme de faire en sorte que la porte ne parvienne jamais à destination, oui il avait imaginé prendre la place du pilote de l’hélicoptère devant la déplacer jusqu’à son hangar au bord de la piste où un avion cargo allait la convoyer vers l’ouest. Evidemment, cela aurait été pour l’emmener ailleurs mais il n’y avait aucun endroit vraiment sûr et si c’était pour la cacher n’importe où et de l’utiliser sans aucun moyen de défense, alors cela aurait été encore plus fou que de la laisser à la première force armée terrienne. Il était tout aussi stupide de vouloir la rendre inactive en la ré enfouissant sous terre, la menace pouvant venir de l’espace, non, elle devait servir mais avec la sécurité optimale comme c’était le cas jusqu’à présent, peut être la seule possibilité de retrouver les ennemis de nos ennemis, comme ces êtres gris qui savaient y faire contre les Goa’uld et que le militaire avait eu l’occasion de croiser qu’une seule fois.

Enfin cette marche funèbre à travers les couloirs débouchait sur la salle des réjouissances, si tel était bien le mot adéquat en ces circonstances, pas grand monde en vue, soit le Para était sacrément en avance, lui qui n’aimait pas être en retard, soit ils étaient nombreux à ne pas avoir eu le cœur de voir ce triste spectacle. Laurent se dirigeât vers celle qu’il pouvait reconnaître et qui semblait si seule dans cette grande pièce.

« Mes respects mon capitaine ! »

Au garde-à-vous, Laurent attendait la réponse de sa supérieure en ayant un visage fermé, celui des mauvais jours et cela en était un.

Alison avait hésité à se rendre à l'invitation. Perdue au fin fond de l'Egypte pour des fouilles, elle avait bien d'autres choses à penser. Non, pour être franche, elle avait surtout peu envie d'arpenter à nouveau les couloirs du SGC. Trop de souvenirs, pas forcément joyeux. Un mélange de regrets des missions, de remords d'être partie avant la toute fin du programme et la peur de replonger dans de vieux traumatismes pourtant à présent presqu'oubliés. Sans compter les personnes qu'elle risquait de revoir. Si elle espérait vivement revoir Luc, Suzanne, Emylia et même Laurent avec lequel elle avait eu de drôles d'aventures un peu gênantes, elle n'osait pas imaginer quelle réaction elle aurait en recroisant Stan. Et puis, il y avait sans doute aussi Rakel à laquelle elle n'avait pas vraiment donné de réponse.

C'était ainsi perdue dans ses pensées qu'Alison entra dans la salle, balayant l'assistance du regard. Peu de monde, une ambiance morose. Elle regretta instantanément d'être venue, avant de se ressaisir : faire la tête ne changerait rien. Avec un peu de chance, elle retrouverait des coéquipiers et amis, alors il n'y avait pas de raison de se désespérer.

Bingo ! Un peu plus loin, elle reconnut Laurent, en train d'effectuer un garde à vous à Rakel, justement. Alison décida de les rejoindre, décidée à ne pas rester dans son coin.

" Toujours sur le pied de guerre, à ce que je vois ! se moqua-t-elle gentiment à son attention avec un grand sourire. Bonsoir tout le monde, poursuivit-elle, bien décidée à ne pas copier cette tête d'enterrement qu'ils affichaient tous.


***

Pendant ce temps, une autre jeune femme avait fait son apparition dans la salle. Plus discrète que l'archéologue, Mee Jung se demandait un peu ce qu'elle faisait là. Ancienne psychiatre du SGC, elle aussi avait hésité à venir avant de se décider par curiosité. Elle n'avait pas lié beaucoup de connaissances amicales à la base. D'une part parce qu'elle n'encourageait pas ce genre de rapports avec de potentiels patients, et qu'autre part, parce que les gens s'étaient méfiés d'elle, la plupart du temps. Elle reconnaissait d'ailleurs Jill, et se souvenait à quel point la jeune femme avait eu du mal à lui parler. Ne sachant que faire, Mee Jung préféra se diriger vers le buffet et se servit un verre de jus de fruits pour s'occuper les mains.

Quelle journée de merde. Petit à petit la salle d'embarquement se remplissait, mais réellement petit à petit, les grandes pompes n'étaient pas encore là, et pour être honnête c'étaient eux qui allaient ramener du monde. J'entendis des pas derrière moi mais ce n'est pas pour autant que je me retournais, je me contentais de fixer l'anneau, un air d'enterrement sur le visage. A cet instant beaucoup de souvenirs m'agressaient, j'avais passé la plus part de ces dix derrières années ici. Je poussais un soupir lorsqu'une voix attira mon attention. J'offris un regard triste à Laurent, après lui avait fait un signe de la main pour le saluer à mon tour.

"Je pense que l'on peut oublier le protocole pour ce soir, Rakel suffira. Ca fait plaisir de voir des visages familiers. On est là pour dire au revoir à une amie."

Des silhouettes dans la salle de commande attira mon attention, et je ne pu retenir une grimace en voyant les deux présidents jouer les coqs dans cet endroit si familier, ça me donnait envie de vomir. Ce grade de capitaine me rappelait que je n'étais qu'un vulgaire chien de concours que l'on passait de maitre en maitre pour gagner le plus de prix possible. En théorie, je devais suivre la porte, alors je ne devrais pas être triste, mais ce n'était pas le cas. Et surtout je savais que si la porte partait de la France il y avait très peu de chance pour qu'elle y revienne un jour. J'allais ouvrir la bouche une nouvelle fois lorsqu'une boule de nerf fit son entrée. Elle me tira immédiatement un petit sourire, parce que je savais que je pouvais compter sur Jill, qu'elle serait toujours là pour moi comme je serais toujours là pour elle, il y avait des choses qui liaient les gens pour la vie. Je reçus son petit coup d'épaule et son baiser qui me fit sourire.

"Ouais plus pour longtemps, regard ces deux là le banquier et présentateur télé en train de jouer les faux culs alors que l'un attends l'argent et l'autre le pouvoir de la porte..."

J'attrapais Jill par le bras et chuchota à son oreille.

"Et j'ai l'affreuse impression d'être une chienne de concours et qu'ils sont en train de discuter pour savoir avec quel soldat américain ils vont me croiser pour obtenir un beau corniaud."

Je saluais Alison qui venait de faire son entrée, j'aurais aimé voir Matt passer cette porte, mais il n'y avait aucune chance pour que ça arrive, il nous avait oublié et c'était pas plus mal pour lui.

"En parlant de croisement." Je savais déjà que j'allais me manger un coup après avoir dit ça mais ça me faisait plaisir."Elliot compte ramener son beau derrière par ici?"

Je remarquais aussi la psy de la base, et je me raidis je n'aimais pas les psy, et les psychiatre, c'était bien pire, de mauvais souvenirs, de ces moments où je n'avais même plus la présence d'esprit d'avaler ma salive... Je jetais un petit coup d'oeil à la porte alors que des rafraichissements commençaient à être servit, et les petits fours à portée de main. J'aurais échangé toutes les coupes de champagnes contre un verre de rhum... J'attrapais une coupe et la vida d'une traite avec une grimace, je détestais le champagne. J'en attrapais une nouvelle et encourageais mes collègues à faire de même.

"Une chose est sûr le monde sera moins sûr sans nos fines équipes pour le protéger."

Je leva ma coupe pour porter un toast.