[Devant le SGC][Alison & Marc] Un sous-marinier... Hors de l'eau...

Sur l'autoroute A20, roulait une grosse berline noire, encadré par des motards de la Gendarmerie. Équipée de plaques diplomatiques et arborant le drapeau français de chaque coté du capot, le bolide fonçait à plus de 120km/h sur une voie complètement dégagé. Les automobilistes en route pour les vacances, regardaient médusé cet étrange convoi.

À l'intérieur, soigneusement dissimulé derrière les vitres teintés, se tenait assis un homme ayant dépassé la soixantaine, les cheveux et la barbe grise ainsi qu'un regard sévère, plongé dans un dossier marqué "Top Secret". Son uniforme blanc, au poitrail constellé par de nombreux rubans, contrastait violemment avec l'intérieur chocolat de la voiture. À coté de lui, une casquette d'officier de marine, frappé de l'emblème de la FOST. Ses galons de capitaine de vaisseau luisait sous éclairage intérieur.

En face de lui, se tenait, tant bien que mal, un homme en uniforme bleu, un sous-officier de l'armée de l'air. Il semblait très mal à l'aise devant le gradé en face de lui. Il passait une main nerveuse dans ses cheveux gominés avant de se décider à prendre la parole.

— Quelque chose ne va pas, mon Commandant ?

Le concerné prit quelque instant pour répondre, accentuant encore un peu plus le malaise de son interlocuteur.

— Nullement Major (qui s'autorisa à respirer à nouveau), nullement. J'avoue tout de même que, plus je lis ce dossier et plus je commence à trouver cela intéressant. Étrange mais intéressant. Avez vous déjà passé cette fameuse porte ? répondit le Commandant sans lever les yeux du dossier.
— Une seule fois mon Commandant. Il y a un an.
— Et vous n'y êtes pas retourné ?
— Je m'en suis tiré avec une mauvaise blessure à la jambe. J'ai apprécié cette expérience sur le terrain mais finalement, la logistique est une activité, plus... calme...
— Comme je vous comprend... répondit le Commandant en tournant une nouvelle page du dossier.

Le Major semblait hésiter un instant, puis se ravisa.

— Si vous avez une question Major, je vous écoute, ajouta l'officier.

Tout en se demandant comme diable il avait fait pour le deviner sans même le regarder, le Major se lança.

— J'ai entendu les hommes discuter, peu avant notre départ de Brest. Est-ce vrai que vous avez effectué 75 patrouilles ?

D'un geste lent, le commandant referma le dossier et se redressa en réajustant sa veste. Pour le coup la plaque signalétique, où était gravé "Cmd. Marc Guilmard", émit un reflet. Marc plongea son regard dans celui du Major, qui eu soudain du mal à déglutir.

— C'est exact, répondit-il d'une voix parfaitement calme.
— Et euh... Cela ne risque t-il pas de vous manquer ?
— Comprenez bien Major qu'on ne quitte le corps des sous-marinier que deux façon. Soit parce qu'on l'a souhaité. Soit les pieds devant.

Il y eut un léger blanc et le Major devint légèrement plus pâle.

— Je... je comprend.
— Puis-je vous demander qui va m’accueillir à l'arrivé sur la base ?
— Oui bien sûr. Je pense qu'il vont dépêcher un membre d'une équipe SG, probablement un chef d'équipe. Il vous conduira à vos quartiers puis vous fera visiter rapidement les lieux. Ensuite j'imagine que vous rencontrerez le général La Couperay. D'ailleurs, voici votre badge d'accès, répondit le Major en lui tendant un pass magnétique.

Même sur la photo d'identité, les yeux de Marc semblait lancer des éclairs dignent du Tonnerre de Brest.

— Merci bien, dit Marc simplement, en prenant le badge et en le rangeant dans une poche de sa veste.

La voiture se mit à ralentir et quitta l'autoroute, avant de s'engager sur une succession de petites routes.

— Puis-je conserver ceci ? demanda Marc en désignant le dossier.

Le Major hocha la tête.

— Oui, c'est votre copie. Elle ne devra cependant pas quitter l'enceinte de base, naturellement.
— Naturellement, acquiesça Marc.

À peine dix minutes plus tard, la voiture s'arrête devant un complexe en béton, devant le quel patrouillait deux gardes armés. La berline se gara pour laisser descendre le Major et le Commandant. Alors que Marc vissait sa casquette sur son crâne, l'un des deux gardes se dirigea vers eux d'un pas rapide et les saluas. Le Major lui adressa quelque mot et le soldat hocha la tête. Son collègue, resté en arrière, lâcha quelques mots dans sa radio portative.

— On vient d’annoncer votre arrivé. Votre guide arrivera d'ici une poignée de minute. Votre cantine est arrivée avant nous et à déjà été transférée dans vos quartier, dit le Major.
— C'est noté. Merci bien Major.
— Sur ce, je doit vous laisser. Mon commandant, ajouta ce dernier avec un garde-à-vous impeccable.
— Major, répondit Marc en faisant de même.

Le Major remonta dans la berline et celle-ci démarra aussi tôt. Le garde fit signe à Marc de le suivre jusqu'à l'entrée, afin d'attendre celui ou celle censé l’accueillir.

Alison avait été désignée d'office pour accueillir le nouvel arrivé. Non pas que cela lui déplaisait : elle n'avait pas grand chose d'un rat de bibliothèque incapable de sortir de ses livres. Curieuse, elle appréciait même de découvrir rapidement les nouveaux membres du SGC. Ce qui la dérangeait peut-être un peu en revanche, c'est qu'elle se demandait pourquoi on l'avait choisie elle. D'accord, malgré ses absences, elle faisait partie des tout premiers membres du programme et était donc plutôt bien placée pour en parler. Mais elle savait aussi que malgré les années de cohabitation, son allure quelque peu éloignée du style militaire faisait encore parfois des vagues auprès des soldats les plus obtus. Les liens entre civils et militaires avaient toujours posé de légers problèmes au sein du SGC.

Tout en avançant à grands pas dans les couloirs, la jeune femme se demandait donc si ce n'était pas un moyen de confronter de suite les nouveaux soldats arrivants à une civile qui se moquait pas mal des grades. Enfin... non, Alison ne s'en moquait pas tout à fait, elle suivait volontiers la hiérarchie si la situation l'exigeait. C'était juste que parfois, elle n'en voyait pas complètement l'intérêt et s'y pliait surtout pour avoir la paix.

Là, il allait falloir faire bonne figure, ce n'était pas un soldat insignifiant qui débarquait au SGC, mais un supérieur... avec un grade... haut gradé. Quelque chose dans ce goût là, Alison n'avait jamais aimé retenir ce genre de choses. De toute manière, elle ne s'en servait pas ou tellement peu... Et puis au lieu de se poser ce genre de questions, elle eut mieux fait d'accélérer un peu la cadence, parce qu'à ce rythme, elle allait encore être en retard.

Le nouvel arrivant eut donc le loisir de voir apparaitre une jeune femme rousse en plein sprint, qui pila devant lui, avec un grand sourire avant de déclarer avec un léger accent anglais :

" Guilmard... Commandant Guilmard, je suppose ? "

Ouf, le grade venait de refaire surface. Autant l'utiliser, ça amadouait souvent les militaires, Alison savait par expérience qu'il ne fallait pas brusquer l'ego de ces petites bêtes là. En plus, en jetant un coup d’œil à sa montre, elle s'aperçut qu'il ne devait pas avoir attendu plus que ça, entre le moment où elle avait été appelée et celui où elle s'était présentée. Une bonne chose de faite.

" Alison Davis, archéologue au SGC, j'ai été désignée pour vous faire visiter les lieux ! "

Inutile de préciser son grade, un grade qu'elle estimait ne pas devoir exister et qu'elle ne portait de toute façon pas sur elle. Il était rare qu'elle revêt un quelconque uniforme, préférant le jeans-baskets-t-shirt pour vivre à la base. Elle avait enchainé les phrases rapidement, manifestement bavarde, et continua sur sa lancée :

" Vous avez fait bon voyage ? Remarquez, j'imagine que peu importe, vous avez surtout envie d'en savoir plus sur le projet ? "

Au son de sa voix, à ses yeux brillants, on pouvait deviner que la Porte des Etoiles était une vraie passion qui n'avait jamais cessé de l'animer depuis qu'elle en avait eu connaissance. Puis elle se tut, tout de même : le commandant n'était pas de ceux qui donnaient envie de bavarder des heures et vu la tête je-suis-sérieux-avec-moi-ça-va-pas-rigoler qu'il faisait, autant lui laisser le temps de digérer les informations.

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