Dernièrement, les quartiers du docteur Rigel représentaient bien ce qu'on appelle un foutoir organisé. Du fait qu'elle y restait cloîtrée les trois quarts du temps, cette pièce en avait subi les conséquences. La poussière n'avait pas le temps de s'accumuler sur son bureau, elle empilait et dépilait tout ce qu'elle trouvait à longueur de journée. Livres, vêtements, babioles en tout genre... Il restait aussi les emballages de barre énergétique ou les épluchures d'oranges ici et là. Rien qui puisse laisser échapper d'odeurs nauséabondes toutefois. Son lit servait aussi à moitié de bureau, et c'est coincée entre des bouquins de biologie qu'elle dormait la nuit, pour des raisons pratiques. Inutile de se lever comme ça, pour aller les chercher sur ses étagères.
Étagères d'ailleurs qui étaient presque vides à présent, tout avait été minutieusement rangé et posé par terre. Des tas de différentes hauteurs décoraient le sol dans un des coins de la pièce. Au pied d'un des murs, se tenaient fièrement trois ou quatre sacs poubelles pleins. Ils contenaient essentiellement des feuilles qu'elle avait jugé inutile de garder lors de son rangement et des assiettes en carton qu'elle avait ramené du mess pour manger tranquillement dans ses quartiers.
Bref, des papiers et des livres de partout ce qui avait toutefois l'avantage d'occuper Suzanne et de ne pas se laisser aller.